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Homélie prononcée le 8 septembre 2024
Cette page d’Évangile nous raconte une guérison… Nous pouvons penser : ce n’est pas la première fois que l’Evangile parle de guérison ! Quoi de neuf avec celle-ci ? Qu’est-ce que cette guérison nous apprend ?
L’emploi du temps de Jésus tel que relaté dans les évangiles montre bien où vont ses priorités. Une partie de son temps il donne une parole qui délivre l’homme de l’illusion et du mensonge : « La vérité vous rendra libres ». Pour l’autre, il vient en aide à ceux qui ont été cabossés par la vie. Les blessés de la vie de l’époque l’ont bien compris : ils ne cessent de l’assiéger : lépreux, possédés, paralysés, aveugles, muets, sourds, boiteux, estropiés, épileptiques… Jésus met en œuvre les paroles du prophète Isaïe dans la première lecture : « alors se dessilleront les yeux des aveugles et s’ouvriront les oreilles des sourds. Le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie ». Si Dieu avait aimé la souffrance, Jésus aurait dit : " Souffrez, souffrez. C’est pour votre bien…offrez vos infirmités à Dieu, et rentrez chez vous. " Jésus n’a aucune complicité avec le malheur. Jésus vient dire aux hommes que Dieu guérit, qu’Il soigne pour redonner une humanité à l’homme blessé.
Maintenant, allons à la rencontre de ce sourd qui a de la difficulté à parler. Jésus le rencontre dans la Décapole, dans une terre non juive, un territoire de la Jordanie actuelle. Jésus s’est donc rendu sur une terre où la Parole de Dieu n’est pas connue. C’est là qu’il va guérir ce sourd qui a du mal à parler. Cet homme représente tout un peuple fermé à la Parole de Dieu et incapable de proclamer les merveilles de son Créateur. Il est sourd à la bonne nouvelle de l’Évangile. Sa rencontre avec Jésus est quelque chose d’extraordinaire. Et Jésus va donner la Parole à cet homme. Jésus la lui donne dans les deux sens du terme : physiquement, il retrouve la parole et spirituellement et avec Jésus, il accède à la Parole de Dieu.
Cette personne nous représente d’une certaine manière quand nous sommes sourds à la Parole de Dieu, quand nous la mettons volontairement de côté. Pourtant au début de la Bible, il y a cette injonction : " Écoute Israël… " …pas une recommandation vide de sens. Voilà le préalable à toute aventure spirituelle : écouter, accueillir la Parole de Dieu.
Ce sourd-mal parlant représente aussi ceux qui se suffisent à eux-mêmes sans communiquer ni avec les autres ni avec Dieu : Des personnes socialement et spirituellement sourdes et muettes. Un homme qui ne parle pas à Dieu est un mal-parlant parce qu’il n’utilise pas toutes ses capacités de communication. Sans communication avec Dieu, il lui manque cet essentiel qui le définit comme un homme : la spiritualité.
Remarquons aussi que cet homme n’est pas venu de lui-même. Cet homme se laisse porter par la foi de ses amis. Ces amis sont comme une belle image de la communauté chrétienne. Une communauté de personnes fragiles, mais qui se portent les unes les autres pour se laisser toucher par Jésus.
Pour répondre à ceux qui lui amènent cet homme, Jésus va procéder en quatre temps.
• D’abord, Il le met à l’écart : hors la foule, hors du sensationnel. Jésus ne se fait pas mousser. Cela montre que cet homme est important pour Jésus. Cet homme a toute l’attention de Jésus. La foi, ce n’est pas adhérer à une théorie, où à une philosophie de la vie, à des valeurs, comme on dit aujourd’hui. C’est croire que j’existe pour Dieu, que je suis quelqu’un d’unique pour Lui, que ma vie L’intéresse.
• Puis « il lui met les doigts dans les oreilles, et avec sa salive lui touche la langue. » Cela peut nous rappeler le potier, façonnant son œuvre à l’image du Créateur. Un Créateur qui crée de ses mains une humanité nouvelle.
• Ensuite, Jésus lève les yeux au Ciel : il prie. Toute action du Christ commence dans la prière. Jésus prie pour nous. Jésus prie pour que nos oreilles s’ouvrent. Il n’est jamais trop tard dans une vie pour entendre Dieu. Sa Parole nous est même donnée pour cela.
• Puis Jésus soupire : comme s’il souffrait Lui-même, comme s’il payait de sa personne. Le Christ est déjà en train de donner sa vie, comme sur la croix.
• Et enfin, Il lui dit : « Effata », « ouvre-toi ». Il ouvre cet homme à Dieu. Dieu est définitivement accessible, proche. Et cette proposition est pour chacun de nous.
C’est à cette guérison là que nous sommes appelés. Jésus-Christ n’est pas venu faire des miracles physiques dans nos vies comme si « être Dieu » consistait essentiellement à empêcher la nature d’agir. Le Fils de Dieu est venu nous ouvrir à sa Parole pour que celle-ci fasse des miracles dans nos vies. L’Evangile n’est pas une vieille histoire, c’est la Parole de Dieu pour aujourd’hui, une Parole qui fait vivre. Il vient guérir la personne tout entière. Il donne un sens à toute notre vie. C’est cela le salut qu’il nous apporte. C’est bien dans cette perspective que les catéchumènes sont accueillis dans l’Eglise, par le rite de l’Effata ».
Oui, Dieu peut tout faire, vraiment tout, dans une vie qui s’ouvre à Lui. Entendons cette parole qui est pour chacun de nous : « Effata ! » Laissons cette Parole résonner en nous.
Alors, le salut de Jésus continuera d’être créateur dans nos vies concrètes, comme il l’a été pour le sourd-mal-parlant qu’il a changé totalement. Jésus nous changera pour le mieux nous aussi.
En ce jour, nous te supplions, Seigneur : Touche mes oreilles pour qu’elles entendent. Touche mes lèvres pour qu’elles proclament ta louange. Viens ouvrir ce qui est fermé. Dans ton Eucharistie, le sacrement des sacrements, touche tout mon être, tout mon corps, pour que je vive par toi et pour toi.
Amen !
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