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Homélie prononcée le 30 septembre 2024
Le fil conducteur des textes d’aujourd’hui nous est donné dès la première lecture du livre des Nombres où Eldad et Médad (avis aux parents en recherche de prénoms originaux), prophétisent dans le camp des Israélites. Josué demande de les arrêter et Moïse, le libérateur d’Israël, répond "Serais-tu jaloux pour moi ?" et il souhaite que tout le peuple, à l’instar d’Eldad et Médad devienne un peuple de prophètes et que le Seigneur mette son esprit sur tous.
C’est sur ce même terrain que nous amène la première partie du texte de l’évangile qui vient d’être proclamé. Dans le texte qui nous parle de quelqu’un qui vient de chasser les esprits mauvais, Jésus dit aux Apôtres qui veulent l’en empêcher : "N’empêchez pas celui qui agit en mon nom". "Agir au nom de Dieu, de Jésus", voilà le message des lectures d’aujourd’hui.
Comme dit saint Paul dans sa lettre aux Romains, tous les baptisés reçoivent des dons qui diffèrent selon la grâce qui leur est accordée (Romains 12, 6). Et Dieu répand ces dons à profusion selon la vocation de chaque personne….Et pas seulement les personnes dûment estampillées chrétiennes ! Mais cela ne les en exclut pas non plus, bien sûr !
Les gestes et les actions des personnes remplies de la présence de l’Esprit peuvent susciter étonnement et interrogations. Jésus qualifie de "miracles" le fait de chasser des esprits mauvais. Et peut-être certains d’entre nous ont pu connaître quelqu’un qui, chrétien ou non, exerçait un ministère particulier de guérison, un ministère qu’il n’avait pas recherché. Mais, ce sont aussi des gestes de la vie ordinaire qui peuvent être remplis de la présence de l’Esprit. Donner un verre d’eau est de ceux-là nous dit Jésus : "Et celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense".
"Agir au nom de Jésus" dans l’Esprit ce n’est pas toujours faire des choses éclatantes, étonnantes. C’est d’abord laisser apparaître dans la vie de tous les jours la source où l’on s’abreuve. Dans sa famille, auprès des gens que l’on rencontre, dans les différentes activités, dans les loisirs, nous laissons transparaître, même lorsque nous n’y pensons pas, cette source qui est en nous. Notre appartenance au Christ n’est pas une fantaisie, mais elle est notre vie, Nous qui pouvons vraiment dire alors comme saint Paul "Ma vie c’est le Christ" (Philippiens 1, 21). Nous pouvons, sans orgueil et avec humilité, affirmer que nous agissons "au nom de Jésus" parce que nous lui avons laissé prendre toute sa place en nous. Me vient à la mémoire ce que m’a dit une personne qui avait souhaité me rencontrer. C’est une connaissance qui lui avait donné mon nom. Dans une rencontre de travail, cette personne l’avait rencontré. Elle m’a dit : « je ne le connaissais pas vraiment, je n’avais eu que des réunions professionnelles avec lui ; mais quand je l’ai vu son comportement, sa façon d’être, de s’exprimer, j’étais certaine qu’il était chrétien et c’est pourquoi je me suis adressée à lui. »
Pour y arriver, il faut se reconnaître petit, humble, pécheur. Et il est nécessaire de se le redire souvent. Vous connaissez certainement cette formule "Seigneur Jésus, Fils de Dieu Sauveur, aie pitié de moi, pécheur" Elle est issue de la tradition orientale dans les Récits d’un pèlerin russe). Le pape François rappelle fréquemment qu’il est lui-même pécheur et demande alors de prier pour lui. Il le fait presqu’à chacune de ses interventions.
Quel modèle ! En effet, "agir au nom de Jésus" ne nous mets pas sur un piédestal. Au contraire, cela nous rapproche du coeur miséricordieux du Christ. Cela nous aide à ouvrir notre coeur à ceux et celles qui nous entourent et à ceux et celles qui, comme le dit François, sont aux périphéries de notre monde, migrants et réfugiés. Pour que notre coeur ressemble un peu à celui du Christ miséricordieux, il est nécessaire d’acquérir une liberté intérieure qui permette d’entrer dans ses sentiments. Ce cheminement vers une liberté intérieure de plus en plus grande passe par des renoncements qui peuvent être difficiles …
"Si ta main t’entraîne au péché, dit Jésus, coupe la, si ton pied fait de même, coupe le, si ton œil est une occasion de chute, arrache le… ». Ces phrases ne sont pas à prendre à la lettre, bien sûr, mais dans leur expression imagée, elles nous donnent le ton : celui d’une volonté résolue de suivre Jésus, d’être à son écoute.
Saint Jacques dans la deuxième lecture redit la même chose dans des termes très forts. Il n’y va pas de main morte, comme on dit… « Vos richesses sont pourries, vos vêtements sont mangés par les mites, votre or et votre argent sont rouillés... vous avez recherché sur la terre le plaisir et le luxe … »
Ces exhortations sont des invitations à cultiver la liberté intérieure dont je parlais. Les possessions humaines : talents, argent, renommée etc,toutes bonnes qu’elles soient, peuvent éloigner du chemin de l’imitation et de l’union à Jésus. C’est pourquoi, il faut demander au Seigneur qu’elles ne deviennent jamais notre raison de vivre, nos idoles, car nous n’avons qu’une demeure et elle est dans les cieux auprès du Père comme le dit Paul dans la lettre aux chrétiens de Philippes.
Pour arriver à progresser sur le chemin de notre union au Christ, la prière est une des voies privilégiées. Se recueillir soit en privé soit en groupe autour de la Parole de Dieu nourrit notre proximité avec Jésus. La prière ainsi permet d’entendre dans notre coeur les inspirations que Jésus lui-même y met.
Et alors, nous pouvons, avec modestie et en toute confiance, aller "au nom de Jésus" qui nous envoie et qui nous donne les dons nécessaires à cet envoi. Le baptisé est toujours quelqu’un qui est en mission, envoyé non pour parler de lui, mais pour annoncer la Bonne Nouvelle qui le fait vivre, celle de Jésus, Seigneur, ressuscité des morts et toujours vivant.
Que cet appel à la mission s’incarne maintenant au cours de cette Eucharistie dans les gestes et les paroles de la célébration eucharistique où le prêtre qui « agit au nom du Christ » (i[Décret sur le Ministères et la Vie des prêtres] de Vatican II n. 2 et n. 12) refait les gestes et redit les paroles mêmes de Jésus. Il continue ainsi d’être le coeur et la vie de la communauté et de chaque fidèle qui l’accueillent dans la foi.
Seigneur, enlève de nos cœurs tout germe de sectarisme ainsi que toute crispation liée à la passion du pouvoir. Apprends-nous à ne pas dresser d’obstacle sur le chemin vers Toi. Amen !
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