Aimez... comme je vous ai aimés !

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Homélie prononcée le 6 mai 2024

Aimez-vous le chocolat ? aimez-vous le bon vin ? aimez-vous les fraises ? Aimez-vous aller en vacances ? aimez-vous le travail bien fait ? Les mots « amour » et « aimer » sont peut-être les mots de notre vocabulaire les plus fréquemment utilisés. Mais ce sont des mots dont le sens est équivoque !
Lorsque nous disons que nous aimons le chocolat, que nous aimons la musique, que nous aimons nos parents, que nous aimons Dieu… Nous utilisons chaque fois le même verbe « aimer ». Cependant, nous lui donnons chaque fois une signification différente et bien particulière. Lorsque nous disons « aimer le chocolat », nous n’aimons pas le chocolat pour lui-même, mais pour la satisfaction que nous apportent son goût, ses propriétés nutritives et euphorisantes… Le jour où le chocolat ne nous fera plus le même effet, nous cesserons aussi de l’aimer. Cela démontre que notre amour du chocolat était essentiellement par son intermédiaire l’amour de nous-même.
Cela peut nous arriver d’aimer les personnes et même Dieu, de la même manière. Nous prétendons et croyons les aimer tant qu’ils nous apportent sécurité, bien être, plaisir, valeur, et nous aident à réussir notre vie. Mais dès qu’ils ne nous donnent plus ce que nous en attendions, nous cessons de les aimer. C’est bien la preuve que la finalité de notre amour n’était pas ces personnes pour elles-mêmes, mais notre propre « moi ». Cet amour se tourne vers les autres quand ils lui sont utiles. Notre amour humain est ainsi spontanément intéressé et conditionnel. Nous aimons Dieu. Mais de façon utilitariste : quand notre vie ne va pas où nous voulons, alors, nous pensons que Dieu nous a abandonné ; et nous l’abandonnons.
En est-il ainsi dans la Bible ? Quand les Écritures, en particulier les Évangiles et les Lettres de saint Paul, parlent de l’amour de Dieu, il s’agit toujours de l’amour que Dieu a pour nous, pour l’humanité.L’amour vient de Dieu. L’amour de Dieu ne vient pas de nous. « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés » dit clairement l’extrait de la Lettre de saint Jean que nous avons lu dans la deuxième lecture.
Comment l’amour de Dieu se manifeste en Jésus ? Dans les dernières paroles avant son arrestation que Jean nous rapporte, Jésus se révèle comme celui qui s’est laissé remplir totalement par la puissance de l’amour de Dieu « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ».
Jésus se laisse remplir de l’amour de Dieu. Et parce qu’il en est rempli, il peut à son tour laisser se répandre et transparaître cet amour autour de lui.
Le mouvement d’amour qui part de Dieu se cristallise d’une certaine manière dans son Fils Jésus qui reçoit cet amour en lui et qui le remplit totalement. C’est par cet amour qu’il se tourne vers ses frères et sœurs et qu’il se donne pour eux et pour elles. Dieu ne nous aime pas comme on aime le chocolat ou le bon vin !
Regardons le Christ en croix, ouvrant largement ses bras sur le monde. Ses bras ne peuvent pas se replier sur eux-mêmes. Ils sont définitivement ouverts sur les autres, non pas pour les utiliser, pour en tirer profit, non pas à condition, mais pour toujours et pour leur donner tout ce qu’il y a de meilleur et le meilleur de soi-même, sa propre vie. C’est comme cela que Dieu nous aime.. Par la voix de son Fils, Dieu nous demande de nous aimer les uns les autres, comme lui nous a aimés
Et bien sûr, ce n’est pas gagné. Ai-je besoin de dire que nous vivons dans un monde qui souffre de la violence, de l’égoïsme, de l’indifférence, de la misère et des injustices de toutes sortes. Aujourd’hui, le Christ nous invite à mettre plus d’amour et plus de fraternité autour de nous. Et cela doit commencer à l’intérieur de nos familles, de notre communauté de foi et dans toutes nos relations. Il est essentiel de ne pas oublier cette parole du Seigneur : “Demeurez dans mon amour.” Demeurer, cela veut dire : “Installez-vous et restez-y.”
Dans la première lecture, nous voyons que Pierre n’avait pas compris cela. Pour les juifs convertis au Christ, tout soldat romain était un ennemi national. Tout étranger était exclu de la plénitude de l’Alliance. Il était interdit à tout juif pieux de fréquenter la maison des païens. Les premiers chrétiens, dont Pierre faisait partie, partageaient cette façon de voir. Mais l’Esprit Saint fait voler en éclat cette barrière. Pierre doit intégrer dans la communauté des croyants un païen converti. L’Évangile de Jésus Christ est pour tous, même pour ceux qui sont très loin.
Ce dimanche nous invite à aimer comme Dieu nous aime. Non pas en accomplissant des extraordinaires ou héroïques, mais en nous décentrant de nous-même pour être attentifs aux autres et accepter d’être avec eux, de les accompagner avec amour. Dans notre vie ordinaire, les occasions ne manquent pas…même si les sollicitations peuvent nous désarçonner comme Pierre a été désarçonné. La petite sainte Thérèse de Lisieux disait : « Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même. » Que le Seigneur, nous donne la grâce d’en être convaincus et d’en vivre vraiment. Amen !

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