Je ne te dis pas jusqu’à sept fois

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Homélie prononcée le 17 septembre 2023

Quelle démesure dans cet Evangile…à commencer par la réponse de Jésus à Pierre : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. »

Ensuite, la somme demandée au serviteur est exorbitante : dix milles talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent précise le texte ). Cette somme correspond à plusieurs millions d’euros aujourd’hui. Comment ce serviteur a-t-il pu contracter une telle dette ?

Plus loin, les cent pièces d’argent eux représentent une relativement petite somme. On ne va pas en prison pour ce montant !

Puis enfin, le maître devant l’attitude qu’a eu le serviteur à l’égard de son collègue n’a aucune pitié. Il le condamne sans appel.

Faut-il prendre cet Evangile au sérieux ?

Bien sûr, ces invraisemblances ne sont pas là pour qu’on s’y arrête pour elles-mêmes. Ce sont des images grossissantes qui nous disent un message. Tout devient clair si on se rappelle que Jésus nous parle ici de la manière d’agir de Dieu avec son peuple, c’est-à-dire avec nous.

Alors, qu’est-ce que Jésus veut qu’on retienne de ce récit ? Peut-être 2 choses :

1. S’il est demandé au disciple de pardonner soixante-dix fois sept fois, c’est qu’il ne doit pas attendre la réciprocité de son pardon, la réconciliation effective ou encore la disparition des conflits. Il pardonnera sans attendre de retour. Comme le Père qui pardonne sans cesse, le disciple dans son cœur ne doit jamais laisser la haine, la dureté prendre racine. C’est un regard de compassion, de bonté qui doit toujours être porté sur ses frères et sœurs. C’est ce regard de compassion, de bonté, que nous sommes invités à porter.

2. Le serviteur de la parabole est en dette de façon si démesurée avec son maître qu’il ne peut s’en tirer que grâce à la bonté, à la miséricorde de celui-ci. Le disciple de Jésus lui aussi, parce qu’il est pécheur, ne peut prétendre se sauver par lui-même. Il a besoin de l’amour, de la compassion, de la miséricorde de son Père du ciel. Dans nos relations avec Dieu on ne peut pas être dans le donnant-donnant. Nos réalisations humaines, notre bonté d’homme ou de femme, comparée à l’amour de Dieu ne sont rien, dirait saint Jean de la Croix. Il n’y a pas de commune mesure entre Dieu et l’Homme.

Comment vivre cela ?

Le disciple, chacun, chacune d’entre nous, doit apprendre à se libérer de ses mesures humaines, de ses manières de voir et d’agir, pour s’introduire, s’initier, s’adapter aux mesures de Dieu, aux manières d’agir de Dieu. Dans cette histoire, notre attention doit se porter sur le roi miséricordieux, et non pas sur le comportement du serviteur ingrat et impitoyable. C’est le message d’aujourd’hui bien mis en évidence dans la conclusion du récit que je vous relis : « Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ? » (verset 33)

« Comme moi-même… » Cette invitation à s’adapter de plus en plus aux manières d’agir de Dieu nous donne l’occasion de nous remettre en question. Notre attitude envers les autres restera toujours le meilleur critère de discernement. Agissons-nous à la manière de Dieu ? C’est pour avoir oublié de suivre cette voie que le serviteur est condamné.

En parlant du pardon, n’oublions pas que Jésus nous a donné un sacrement pour accueillir le pardon de Dieu. Chaque fois que nous faisons cette démarche, c’est Jésus qui est là pour nous tendre la main. Il ne demande qu’à nous décharger de nos fautes pour nous rapprocher de Dieu. Il vient renouveler en nous la grâce du baptême. C’est ainsi que nous retrouvons notre place d’enfants de Dieu. Le prêtre n’est que le tuyau par lequel passe la miséricorde de Dieu

Dans la seconde lecture, saint Paul nous dit que ” nous ne nous appartenons pas à nous-mêmes”. Nous vivons et nous mourrons pour le Seigneur. Avec le Seigneur, tout est cadeau : sa miséricorde est source de joie et de paix. Elle nous ouvre à l’espérance d’être aimés pour toujours malgré nos limites et nos péchés.
Que cette Eucharistie que nous allons vivre ensemble renouvelle en nous le goût de marcher sur le chemin du pardon à la suite de Jésus. Dans sa vie terrestre, Jésus a suivi la manière d’agir du Dieu de miséricorde qu’il nous a révélé. C’est à notre tour de le faire.

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