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Homélie prononcée le 23 septembre 2024
Chacun des trois textes qui nous sont proposés en ce dimanche nous montre deux logiques qui s’opposent : l’une est animée par le désir de justice et de paix par l’ouverture à l’autre et à Dieu ; l’autre cherche le pouvoir, la domination, le plaisir, la satisfaction immédiate. Chacun de ces textes ouvre des pistes pour nous interroger : qu’est ce qui nous guide dans nos choix quotidiens ?
La première lecture est un extrait du livre de la Sagesse écrit au premier siècle avant Jésus Christ. Des juifs vivent à Alexandrie. Les grecs les tournent en dérision parce qu’ils disent avoir une connaissance particulière de Dieu. Dans ce groupe de juifs, beaucoup ont abandonné la pratique religieuse en se laissant prendre dans les attraits de la civilisation grecque : Ils ont renié leur foi. La fidélité de ceux qui sont restés croyants est devenue un reproche pour eux.
Les difficultés et les épreuves de ces croyants sont aussi les nôtres. Nous vivons dans un monde où beaucoup sont devenus indifférents ou hostiles à la foi. Les scandales dans l’Eglise n’arrangent rien bien sûr ! Mais nous avons la ferme espérance que le mal et la haine n’auront pas le dernier mot. Le Seigneur est toujours là. Nous pouvons compter sur Lui.
Dans la seconde lecture, saint Jacques dénonce « la jalousie et les rivalités qui mènent au désordre et à toutes sortes d’actions malfaisantes. » L’apôtre nous recommande de nous attacher à « la sagesse qui vient d’en haut ». Se laisser guider par la sagesse terrestre conduit au désordre et au mal. La soif de s’enrichir justifie l’emploi de tous les moyens, même la pire violence. Nous le savons, c’est la convoitise qui est à l’origine des guerres, des violences et du mal. La vraie Lumière, nous ne pouvons la trouver que dans la Sagesse qui vient de Dieu ; elle est « pure, pacifique, bienveillante, conciliante, pleine de miséricorde et féconde en bons fruits ». Elle transforme notre cœur et fera de nous des artisans de paix.
L’Evangile d’aujourd’hui comporte l’annonce de la passion. C’est la deuxième faite par Jésus et dimanche dernier, nous y avons réfléchi. Aussi portons aujourd’hui notre attention sur la seconde partie de cet Evangile. La dispute qui prend place entre les disciples est l’occasion pour l’évangéliste saint Marc de revenir sur l’idée de service dans la communauté chrétienne. « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous ». Nous voyons bien que les apôtres n’ont pas compris grand-chose. Jésus vient de leur parler un langage d’humilité, de mort et de rédemption. Eux, ils parlent « un langage d’arrivistes ». Leur seule préoccupation c’est d’aller le plus haut possible dans le pouvoir. Ils sont tentés par la façon de penser du monde. On pourrait dire qu’à l’incompréhension et la peur liées à l’annonce de la passion s’ajoute la gêne liée à leur médiocrité.
Encore aujourd’hui, cette tentation des apôtres n’épargne pas l’Église ; selon l’expression du pape François, c’est « l’envie mondaine d’avoir le pouvoir », l’envie et le désir « d’aller plus haut ».
Que fait Jésus ? Il prend un enfant, il l’embrasse et il dit : « Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille ne m’accueille pas moi, mais Celui qui m’a envoyé ». C’est un enfant qui fait la leçon aux apôtres !
Cette scène nous révèle d’abord ce qui vient spontanément à l’esprit lorsqu’on parle du service : des gestes, des sentiments de soutien, de bienveillance, même des gestes d’affection pour les personnes : « il plaça l’enfant au milieu d’eux, il l’embrassa ».
Elle nous dit aussi que le service c’est regarder l’autre, se tourner vers les autres, non vers soi, aider, se donner pour les autres en allant jusqu’à leur laver les pieds comme le fera Jésus le soir du Jeudi Saint.
Vous me direz « Mais pourquoi se donner aux autres ? » Les paroles qui accompagnent la scène avec l’ enfant nous le disent clairement : Jésus nous présente l’enfant comme si c’était lui-même. L’enfant est ici l’image de Jésus, le parfait Serviteur. Lorsqu’on sert les autres, c’est Jésus lui-même qu’on sert.
C’est en effet, ce que disent ces paroles dites du jugement dernier rapportées par Mathieu au chapitre 25 de son évangile :« Quand j’ai eu soif, que j’étais étranger, que j’étais nu, malade, prisonnier, vous m’avez assisté, aidé ». « Mais, Seigneur, on ne se rappelle pas de t’avoir rencontré alors ». Et Jésus répondra : « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ».
Comme répète souvent le pape François : « Jésus est dans le pauvre, dans les petits, dans l’enfant, dans l’autre, dans tous ceux et celles qui sont sans aide et protection ».
Cet enseignement de Jésus est au cœur de l’Évangile. En effet, si Jésus est dans l’Eucharistie, dans la Parole proclamée, dans les Sacrements avec efficacité, il l’est tout autant, et il l’est réellement, dans mon frère, dans ma sœur.
Voilà où les attitudes du serviteur doivent s’enraciner. Si j’ai une mentalité de serviteur, mes attitudes ne sont pas dictées d’abord par le souci de plaire, de réussir des projets, de créer un bon climat de travail, en somme, par des considérations que tout bon spécialiste en relations humaines développe, non elles sont dictées par cette réalité que dans mon frère, dans ma sœur, c’est Jésus lui-même que je sers. Laissons le ressuscité orienter notre existence.
Alors, des remises en question peuvent prendre place ! Si les disciples comprennent cela, ils ont déjà accueilli Dieu le Père dans leur vie : « Celui qui m’a envoyé », dit Jésus. Ils accueillent de ce fait même l’amour sauveur du Père qui s’adresse à tous et à toutes.
Pour conclure, ne nous gargarisons pas avec les mots du service, que nous utilisons peut-être trop dans le monde de l’Eglise ! Très concrètement ne serait-il pas opportun de faire un effort dans nos groupes d’appartenance, dans nos familles, dans nos communautés, dans nos milieux de travail, dans nos relations humaines pour nous questionner en nous demandant : est-ce que je vois le Seigneur dans un tel ou une telle personne ? dans tel ou tel groupe ? dans telle ou telle situation ? Demandons-nous, en somme, jusqu’où vont nos désirs d’être, à l’exemple de Jésus, serviteurs nous aussi. Et demandons à l’Esprit Saint de nous donner la force de l’être, selon notre vocation. Amen !
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