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Homélie prononcée le 5 avril 2020
Jésus entre à Jérusalem pour inaugurer son règne, le règne de l’Amour Divin manifesté au cœur du mystère du mal, au cœur du péché et de la mort. Il s’abaisse au plus bas et sera élevé au plus haut. Il vient librement affronter la mort, désireux d’accomplir, par amour filial, la volonté de son Père de sauver l’humanité de la mort.
Après l’entrée triomphale à Jérusalem, la Passion de Jésus comprend cinq étapes : la Dernière Cène, la comparution devant les autorités religieuses, la comparution devant les autorités politiques, la crucifixion et la mort, puis la mise au tombeau. Mais c’est un seul et même don d’amour pour le salut du monde ; c’est une seule et même victoire de l’amour.
La Pâque de Jésus est le plus grand trésor de l’humanité en ce monde. Elle est pour nous lumière et vie, source inépuisable d’enseignement, fontaine intarissable de miséricorde, libération des diverses formes d’esclavage, porte largement ouverte du monde à venir, victoire définitive de l’amour. Parmi les enseignements de la Passion, je voudrais en retenir quatre : la liberté de Jésus, le silence de Jésus, la révélation complète de sa véritable identité, notre propre participation à ce mystère.
Jésus se donne librement, pour le salut du monde, pour que nous ne restions pas éternellement confinés dans les ténèbres de la mort. Il subit volontairement la trahison de Judas, l’abandon par les siens, le reniement de Pierre ; la condamnation, le mépris, les faux témoignages, les insultes, les crachats, les coups, la flagellation de la part des chefs des prêtres et des Romains ; le poids de la croix, les ultimes dérisions et tentations, la mort et la mise au tombeau. Jésus est écrasé, broyé par le péché du monde, mais Il est souverainement libre ; personne ne peut L’empêcher d’aimer, d’accomplir son sacrifice pour que le monde soit sauvé. Il donne sa vie de Lui-même ; « Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même », avait-Il dit (Jean 10, 18).
Face à ce mal qui se déchaîne contre Lui, Jésus se tait ; Il ne parle que pour confirmer sa véritable identité. Il ne répond pas au mal par la discussion, car on ne dialogue pas avec le mal, on ne discute pas avec Satan, présent dans la haine et le mensonge de ceux qui Le condamnent. Le silence de Jésus est miséricorde, victoire de l’amour plus fort que le mal. On imagine facilement les cris de la meute de ses accusateurs ; le mal fait toujours beaucoup de bruit. Jésus se tait et son silence est plus fort et plus éloquent que les accusations. Jésus a déjà tout dit, Il n’a rien d’autre à dire que sa vie offerte. Tout est simple et transparent en Lui. Pilate est étonné et troublé par ce silence humble et pourtant témoignant d’une grandeur divine. Le silence intérieur, qui n’a rien à voir avec le mutisme, est signe d’une âme en paix, unifiée, donnée, sans retour sur soi. L’épreuve du confinement et le silence extérieur qui règne dans nos villes sont une occasion favorable de recevoir le silence intérieur par la méditation de la Parole de Dieu et la prière ; ce silence est une grâce à demander et une vertu à cultiver.
L’abaissement de Jésus dans sa Passion est le lieu de la pleine révélation de son identité à la face du monde : Il est le Christ, le Fils de Dieu, Il est le Roi des Juifs, Il est le Fils de l’Homme qui siègera à la droite du Tout-Puissant et viendra dans la gloire. C’est pourquoi il est permis de voir dans sa Passion une véritable intronisation.
Celle-ci est comme une cérémonie par étapes, un parcours qui le conduit vers son trône : il passe par la célébration de la Pâque avec ses disciples, au cours de laquelle il instaure le culte nouveau, dont Il est le Grand Prêtre et la victime. La cérémonie se poursuit par une visite au Grand Prêtre obligé de reconnaître malgré lui la messianité de Jésus. Puis c’est une visite à Pilate, l’autorité politique du moment, à qui Jésus fait reconnaître sa royauté ; Il est alors revêtu des insignes, insignes dérisoires certes : le manteau rouge, la couronne d’épines, le sceptre. Enfin il prend possession de son trône, la croix, sur laquelle Il est élevé de terre pour attirer à Lui tous les hommes.
Sur ce parcours, Il est accompagné d’abord par ses disciples et la foule de ceux qui acclament l’arrivée du Messie, puis par la foule de ceux qui viennent L’arrêter et Le conduire devant les autorités religieuses et politiques pour un jugement, avant que les soldats ne l’accompagnent sur le chemin de croix jusqu’au Golgotha. Tous, amis ou ennemis, consciemment ou non, participent à l’accomplissement de l’œuvre de Dieu, la réalisation de son dessein de salut pour l’humanité.
Mais en fait, les acteurs sont encore plus nombreux : on peut dire que chaque être humain depuis la fondation du monde participe d’une certaine manière à la Passion de Jésus. Nous sommes tous concernés, nous sommes tous acteurs de la Passion et de la mort de Jésus. En effet, à chaque fois que nous nous permettons de médire, de juger, de condamner, de mépriser, d’humilier, de torturer, de tuer un de nos frères en humanité, c’est à Jésus que nous le faisons subir. Chaque fois que nous pardonnons, que nous supportons des épreuves par amour pour Lui, chaque fois que nous soulageons les souffrances de notre prochain, c’est à Jésus que nous faisons du bien ; nous sommes alors comme Véronique qui Lui essuya le visage. Chaque fois que nous accompagnons quelqu’un dans ses derniers instants, nous sommes comme Marie au pied de la croix.
En effet, si Jésus est en agonie jusqu’à la fin du monde, comme le disait Blaise Pascal, nous sommes cause de sa souffrance par nos péchés, mais nous pouvons aussi le soulager par notre charité active. Que la contemplation de la Passion augmente en nous la charité !
+ Guy de Kerimel
Evêque de Grenoble-Vienne
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