La Résurrection

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Homélie prononcée le 13 avril 2020

Le Christ est ressuscité, Alléluia ! La mort est vaincue, le monde est sauvé ! Pourtant, la résurrection du Christ n’a pas été une manifestation éclatante, ni une apparition grandiose qui aurait impressionné les habitants de Jérusalem ; elle n’a pas été une revanche sur ses ennemis. Ce jour-là et les jours suivants, la vie a continué son cours comme avant, sauf pour les disciples ; pour eux, tout change, lentement, progressivement, depuis la Passion et la mort de leur Maître. Jésus ne manifeste pas sa victoire à la manière de ce monde. Il pourrait arriver à certains chrétiens de rêver un triomphe du Christ Ressuscité à la manière des triomphes des généraux romains ; ils rêvent de voir Jésus pourfendre ses ennemis et instaurer la dictature de la vérité et du bien. Mais le Royaume de Jésus n’est pas de ce monde, comme Il l’a déclaré à Pilate ; sa résurrection est une réalité inscrite dans le temps et l’espace, certes, mais elle ouvre sur l’au-delà du temps et de l’espace.

Tout commence, au matin du premier jour de la semaine, après le grand Sabbat, par le constat du tombeau vide : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau… », dit Marie-Madeleine à Pierre et Jean. Le corps de Jésus a disparu ; ce vide, cette absence, interrogent. On ne sait pas ce qui s’est passé : est-ce qu’on l’a enlevé ? Où l’a-t-on mis ? Cependant, Pierre et Jean remarquent que les linges qui ont servi à envelopper le corps de Jésus sont restés à leur place, et, à cette vue, Jean entre dans la lumière : « il vit et il crut ». La résurrection du Christ n’est pas appréhendable par la raison humaine ; les sens ne perçoivent qu’une absence de corps, mais la foi accède à la lumière de la vérité : Jésus est ressuscité d’entre les morts. Peu à peu, Lui-même va se manifester à Marie-Madeleine et aux Douze et à bien d’autres disciples ; c’est toujours Lui qui prend l’initiative des apparitions, c’est Lui qui vient au-devant de ses disciples, ceux-là mêmes qui L’avaient abandonné. Il est là sans s’annoncer, venant à la rencontre de leur incrédulité pour rallumer la flamme de leur foi. Ils Le voient de leurs yeux de chair, ils Le touchent, mangent avec Lui, contemplent ses plaies glorieuses. Il leur faut un certain temps pour entrer dans cette réalité nouvelle.

Personne ne peut rencontrer le Christ ressuscité sans une lumière qui vient d’en haut ; les sens et la raison humaine ne peuvent accéder par eux-mêmes au monde de la résurrection, sans que Jésus ne les éclaire par la foi. Celui-ci accorde cette grâce à ceux qui Le cherchent. On peut dire que s’Il ne s’est pas manifesté à ceux qui L’avaient condamné, c’est par miséricorde, pour ne pas les enfermer dans leur péché et pour leur laisser le temps de se convertir.

La résurrection de Jésus ne met pas fin au péché ni au mal ni à la mort, mais c’est elle qui a désormais le dernier mot. En effet, tous ceux qui croient en Jésus et qui ont été baptisés dans sa mort et sa résurrection, participent déjà, par la foi, à ce monde nouveau ; ils ont été libérés de l’esclavage dans lequel les maintenaient le péché, le mal et la mort ; ils ont reçu à leur baptême les vertus théologales, ils ont été confirmés dans la foi par le don du Saint Esprit.

Ainsi ils peuvent déployer la vie nouvelle reçue et participer à la victoire du Christ, qu’ils ont mission de manifester dans le monde par leur foi, leur espérance et leur charité, sous la conduite de l’Esprit Saint. Le jaillissement de la vie nouvelle du ressuscité se fait dans les cœurs et peu à peu dans les mœurs ; il n’y a rien de très visible, sauf cette lente transformation des personnes et de leur manière de vivre qui, à travers des purifications et des épreuves, se laissent apercevoir. La vie nouvelle n’est pas la suppression des épreuves, mais le déploiement d’une vitalité et d’une liberté nouvelles dans toutes les circonstances de la vie. Les premiers chrétiens et bon nombre de nos frères et sœurs de par le monde, aujourd’hui encore, ont témoigné et témoignent de la victoire de la foi et de la charité jusqu’au martyre. Certes, au cours de siècles, Dieu a permis à un certain nombre des disciples de son Fils d’accomplir des signes au Nom de Jésus, pour attester de la victoire de ce Dernier sur les diverses formes de mal qui oppriment l’être humain, mais ces signes ou ces miracles n’ont jamais, en eux-mêmes, transformé le monde. Celui-ci n’est transformé que par la conversion des cœurs avec la grâce du Christ, conversion qui débouche sur un nouvel art de vivre dont les caractéristiques principales sont la charité, une vie reliée à Dieu et au prochain.

Cette année 2020 nous donne de vivre la grande fête chrétienne dans le confinement. A part les cloches qui sonnent joyeusement, cette fête ne changera pas grand-chose à notre mode de vie confiné. Nous ne pouvons pas nous rassembler, la pandémie ne va pas disparaître immédiatement. La fête de la résurrection de Jésus ne met pas fin aux épreuves, elle nous invite à raviver notre foi, notre espérance, notre charité. Il est probable que nous ne pourrons pas vaincre le coronavirus d’un coup d’eau bénite ou par une autre action liturgique ou paraliturgique qui nous dispenseraient de la conversion à laquelle le Seigneur nous appelle. C’est par la conversion du cœur, par l’obéissance de la foi, par la prière humble et persévérante, par l’engagement de notre personne, que le monde deviendra meilleur et plus viable. Ce n’est pas manquer de foi que de respecter les consignes et d’accepter de poursuivre le jeûne sacramentel et relationnel que les circonstances nous imposent. La foi nous invite au contraire à écouter ce que Dieu veut nous dire par cette pandémie, à Lui obéir à travers les évènements et les autorités établies, à profiter de ce temps pour renforcer notre relation à Lui et à faire preuve d’inventivité pour manifester notre charité à ceux qui en ont le plus besoin.

Le Christ ressuscité est au milieu de nous ; à nous de savoir Le reconnaître. Il vient au-devant de nos doutes, de nos déceptions, de nos intelligences enténébrées, de nos peurs. Confions-Lui tout ce qui pourrait assombrir nos vies, confions-Lui nos personnes et le monde entier pour qu’Il y manifeste sa victoire.

+ Guy de Kerimel
Evêque de Grenoble-Vienne

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