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Homélie prononcée le 24 juin 2024
Chaque année, les chrétiens sont invités à célébrer l’anniversaire de la dédicace de la cathédrale du diocèse. Pour la cathédrale Notre-Dame de Grenoble c’est la date du 22 juin qui a été retenue. Et cette année nous le faisons un jour plus tard pour mieux rassembler la communauté. Mais, au fait, c’est quoi la dédicace ? Est-ce que ça mérite de célébrer son anniversaire ?
La dédicace est l’acte solennel par lequel un édifice est voué définitivement au culte. Elle est célébrée par l’Église locale rassemblée autour de son évêque. Celui-ci prononce la prière de dédicace avant de procéder à l’onction de saint chrême sur l’autel et en 12 points des murs de l’église, souvent les piliers. C’est pourquoi, vous l’avez remarqué, il y a ces 12 cierges qui sont allumés ce matin. Ils symbolisent les 12 apôtres qui sont les piliers de l’Eglise. C’est sur eux que repose l’Eglise.
La liturgie recommande que l’on célèbre solennellement l’anniversaire de la Dédicace de la cathédrale, église-mère du diocèse. C’est une célébration qui a plus d’importance que la célébration du dimanche ordinaire…C’est pourquoi nous n’avons pas entendu les lectures du 12 ème dimanche du temps de l’Eglise. L’église-mère du diocèse, et sa suite toutes les églises, nous rappellent qu’elles sont : « La maison de prière où l’eucharistie est célébrée et conservée, où les fidèles se rassemblent… (Vatican II) » Une église est le signe de l’alliance entre Dieu et les hommes parce que Dieu y accueille son peuple et qu’il y construit le temple vivant, le Corps du Christ. Le Temple de Dieu, c’est le monde qu’il y a dedans. Le Temple de Dieu, c’est nous. Dans ce temple-là, nous devons être des pierres vivantes et nous nous appuyons les uns sur les autres pour bâtir un bel édifice, c’est ce que nous a rappelé la lettre de Pierre.
Faisons un peu d’histoire : chez les grecs ou romains, là où le christianisme s’est développé sur le pourtour de la méditerranée, les temples étaient des lieux inaccessibles aux fidèles. C’était la même chose pour le cœur du temple de Jérusalem. Seul un personnel « qualifié et formé pour cela » peut le faire. On vient à la rencontre de la divinité, on fait des offrandes, des sacrifices, mais tout ceci se déroule à l’extérieur du temple. En référence, le temple de Livie et Auguste à Vienne. Ou bien le 1er chapitre de Luc qui nous parle Zacharie, le père de Jean-Baptiste, prêtre du groupe d’Abia. « Durant la période attribuée aux prêtres de son groupe…Il fut désigné par le sort pour aller offrir l’encens dans le sanctuaire » rapporte Luc.
A la rencontre avec la Samaritaine qui demande où adorer (la montagne ou Jérusalem), Jésus répond que les vrais adorateurs adoreront en esprit et vérité. Il affirmera aussi que quand 2 ou 3 sont réunis en son nom, il est là au milieu d’eux. Avec la révélation chrétienne, ce qui importe, ce n’est plus le temple, mais la communauté qui s’y rassemble. Au début du christianisme, les lieux de culte étaient des maisons ordinaires où on se rassemblait. La dimension familiale, domestique, communautaire est première. Et ça a duré 300 ans environ.
Plus tard quand les persécutions auront cessé (4ème siècle), le nombre de chrétiens augmentera et on se tournera naturellement vers les lieux de rassemblement qu’on appelait des « basiliques », lieux de commerce et d’échange, un peu comme les halles construites au moyen-âge. Ce qui caractérise le culte chrétien, c’est le rassemblement, c’est l’ecclésia, l’assemblée des fidèles convoqués et rassemblés. Par extension le mot ecclésia, transcription en latin du mot grec, a commencé à désigner aussi le lieu de rassemblement. Même chose en français où église avec « é » désigne le lieu du rassemblement et Eglise avec « E » désigne l’assemblée des chrétiens. Si nous perdons cette notion de rassemblement, il n’y a plus besoin d’église et il n’y a plus d’Eglise.
Fêter la dédicace de la cathédrale, comme celle de chaque église, c ’est se rappeler sur qui se fonde notre foi, le Christ, et se rappeler l’origine de notre foi : la transmission par les apôtres et à commencer par le premier d’entre eux : Pierre. C’est pourquoi l’Eglise fête la dédicace de la cathédrale du successeur de Pierre, l’évêque de Rome. C’est le 9 novembre qu’est célébré l’anniversaire de la dédicace de St Jean de Latran, la mère de toutes les églises du monde entier. Puis, l’Eglise fête la dédicace de la cathédrale de chaque diocèse. L’église de l’évêque, successeur des apôtres, est le cœur d’un diocèse. La cathédrale c’est le lieu d’où l’évêque enseigne la Parole de Dieu, parce que Celui qui est la Parole de Dieu, Jésus, le Verbe incarné la lui a confiée dans l’Esprit Saint. La cathédrale c’est le lieu d’authentification de cette Parole. Mais n’oublions pas aussi que la cathédrale du Christ, c’est nous, pierres vivantes fondées sur le Christ. C’est pourquoi la dédicace de la consécration de cette cathédrale est aussi le signe de notre propre consécration qui a eu lieu à notre baptême (le point commun , c’est le St Chrême). Nous nous sommes reconnus enfants de Dieu pour former son peuple. Si les cathédrales faites de mains d’homme peuvent être détruites, comme nous l’a rappelé l’incendie de Notre Dame de Paris, la marque par laquelle nous sommes devenus Temple de Dieu ne pourra pas s’effacer.
Vous le savez probablement, lors de l’incendie de Notre Dame de Paris, l’aumônier des pompiers a risqué sa vie pour aller chercher le Saint Sacrement qui, pour les incroyants, n’est qu’un morceau de pain, mais qui est pour nous le Corps du Christ. C’est pour ce morceau de pain que les cathédrales ont été construites ; tout comme les églises, si modestes soient-elles. Sans Jésus Eucharistie, nos cathédrales, nos églises ne sont que des lieux sans âmes…Ce qui compte, c’est la présence de Dieu. Sans Dieu, nos églises ne sont qu’un tas de pierres ou de béton ou un musée pour les plus belles d’entr’ elles. Avec Dieu, elles sont le lieu de la vie, la vie terrestre et la vie éternelle.
Comme nous le dit la liturgie de ce jour, nous célébrons le jour où ce bâtiment a été consacré à Dieu, le jour où Dieu a fait de cette maison le lieu de sa gloire et de sa sainteté. Et c’est tout à fait opportun que nous célébrions aujourd’hui dans cette cathédrale Notre-Dame les 50 ans d’ordination de Mgr Anatole. C’est dans la cathédrale que se déroulent habituellement les ordinations et Mgr Anatole, dans les cathédrales de Kinkala et de Brazzaville, a ordonné de nombreux prêtres dont le P. Armand qui nous fait la joie d’être présent avec nous aujourd’hui. Mgr Anatole, vous êtes une pierre vivante fondée sur le Christ. Vous faites partie de ce peuple de prêtres dont la foi ouvre les portes du ciel, dont la charité construit un monde fraternel et dont l’espérance annonce le salut. Soyez remercié pour être parmi nous…Nous vous souhaitons tous un bon anniversaire d’ordination !
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