La fête du corps et du sang du Christ

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Homélie prononcée le 2 juin 2024

Dans cette période de l’année, dans les paroisses, des enfants communient pour la première fois au Corps du Christ. Aujourd’hui François et Jules-Noé, vont faire cette démarche dans notre communauté de la cathédrale. Cette démarche se fait après une préparation, comme pour tout sacrement. Les catéchistes, les parents ont essayé de leur expliquer l’importance de l’événement qu’ils vont vivre. " Vous allez recevoir la présence du Christ Jésus en vous, leur ont-ils dit. Le petit morceau de pain sans levain et sans sel que vous allez manger, c’est Jésus qui a choisi de se donner à vous ! "
Pas facile de comprendre cela ! Pas si facile, même pour nous les adultes, d’expliquer comment le Christ peut nous donner sa vie, nous faire don de sa personne dans ce morceau de pain sans levain et sans sel. Pas facile de faire comprendre cela à un enfant, mais aussi à un adulte !
La fête que nous célébrons aujourd’hui, celle " du Corps et du Sang du Christ ", est là pour nous aider à mieux saisir ce que le Christ a voulu accomplir, et veut toujours accomplir, dans ce repas de la Pâque, au cours de cette Cène qu’il a présidée la veille de sa Passion et qu’il nous a demandé de répéter jusqu’à l’avènement du Royaume.
Tout cela s’inscrit dans une longue histoire. C’est ce que nous a rappelé la première lecture. Au cours des âges, Dieu a toujours voulu nouer des liens avec son peuple. Des alliances ont été scellées, marquées par des gestes symboliques qui attestaient combien ces liens étaient véritables. Le sang des taureaux répandu par Moïse sur l’autel dédié à I’Éternel puis sur le peuple, peut nous paraître aujourd’hui comme quelque chose d’un peu bizarre. Et pourtant ces sacrifices se sont prolongés jusqu’à la destruction du Temple de Jérusalem quelques dizaines d’années après la mort et la Résurrection de Jésus. Mais à travers de ce qu’il vivait, le peuple comprenait la force du lien de vie voulu par Dieu. Il communiait ainsi avec son Créateur et son Libérateur.
Jésus avait cela à l’esprit quand, juste avant de mourir, il voulut vivre avec les siens le repas commémorant la libération d’Israël. Il se souvenait du sacrifice d’Abraham, du geste de Moïse et de tous les sacrifices sanglants qui s’étaient succédé de siècles en siècles. Il savait que les hommes ont ainsi besoin de gestes forts pour communiquer et communier avec Dieu et entre eux.
Mais ce soir-là dans la salle du Cénacle, Jésus a accompli l’inimaginable. Non seulement il a fait tous les gestes habituels de la célébration de la Pâque juive, soulevant les coupes et prononçant les bénédictions, mais encore il a fait quelque chose d’inouï. Il a dit sur le pain : " Ceci est mon corps ! ", et sur le vin : " Ceci est mon sang ! " En faisant cela Jésus a affirmé à ses disciples : " Moi Jésus, je suis l’agneau pascal sacrifié volontairement, l’agneau pascal dont le sang versé fonde une Alliance réparatrice et définitive entre Dieu et tous les hommes. Je suis celui qui témoigne, par l’offrande consentie de sa vie, qu’il doit être mis fin à tous les sacrifices sanglants. Je suis le signe de la Nouvelle Alliance annoncée par le prophète Jérémie… ".
Mais en disant sur le pain et le vin : " Ceci est mon corps ; ceci est mon sang ", Jésus nous a aussi assuré (et il nous le dit toujours) : " Je suis moi-même le pain qui vous nourrit ; je suis moi-même le vin qui vous vivifie… ". Comme le pain, pour être nourriture, est fait avec de la farine, des grains moulus ; comme le vin, pour être boisson, est fabriqué en pressant les grains de raisin, la vie de Dieu, pour être communiquée, partagée, donnée, doit passer par la Croix qui l’a broyée, moulue et vidée de son sang !
Plusieurs mots peuvent désigner " la messe " : célébration eucharistique, repas eucharistique, Saint sacrifice, Cène du Seigneur…sachant que, comme vous le savez, le mot messe vient d’un mot latin qui veut dire être envoyé…Comment exprimer ce qu’est la messe ? La messe devrait être, d’une certaine façon, toujours un événement. Car la célébration de l’Eucharistie est à la fois " mémorial " (mémoire vivante) du don de sa vie que le Christ a fait sur la croix par amour total pour l’humanité, et moment où Jésus s’offre aujourd’hui à chacun dans le pain et le vin qui ont été consacrés pour être envoyés en témoigner.
Cette conviction est au cœur de notre foi. A chaque messe nous sommes invités à communier au Corps du Christ…Mais communier veut dire être en communion avec, être en union avec…Sommes-nous avec nos limites bien humaines en union avec le Christ et avec nos frères ? Si nous avons oublié le Christ sur notre chemin de vie, si nous avons des problèmes avec quelqu’un, il faut d’abord se réconcilier. Et c’est bien pour cela que le sacrement de réconciliation existe. Participer à la communion n’est pas comme le parcours du combattant. Mais, il faut que la communion soit faite en vérité.
A la messe, nous communions à la présence réelle du Christ pour devenir nous-même une présence réelle du Christ après la messe. Nous devons devenir le signe visible de sa présence dans le monde. L’Eucharistie est une communauté de table rituelle, certes, mais c’est à nous d’en faire une communauté de table réelle. Si nous communions, ce n’est pas pour nous excommunier après la messe. Pas questions de dresser des barrières ou des murs entre nous, de créer des divisions. C’est après la messe que l’on sait si la messe a été vivante, une belle messe, une messe vivante, c’est une messe qui fait vivre. La messe n’est pas qu’un moment d’esthétisme religieux, elle doit être un lieu de renouvellement ; nous la célébrons ensemble pour qu’elle nous entraine à vivre de Jésus-Christ et nous pousse à témoigner de lui par toute notre vie, pas pour nous endormir.
Au risque de paraître ringard, la messe est vraiment LE moment le plus important de la semaine. Le Christ ressuscité est là ; il nous rejoint. À chaque messe, nous célébrons celui qui nous a aimés comme on n’a jamais aimé. N’est-ce pas la moindre des choses que nous répondions à son invitation. Aujourd’hui, comme hier et demain, le Christ se présente à nous comme “le pain vivant qui est descendu du ciel et il nous dit : Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.” L’Eucharistie est vraiment un cadeau extraordinaire. C’est une nourriture pour la Vie éternelle. Comme des enfants gâtés, allons-nous dédaigner ce que le Christ nous offre ? allons-nous déserter la communauté qui célèbre ce don extraordinaire du Christ, lui qui veut nous conduire jusqu’en vie éternelle.
François et Jules-Noé vous allez recevoir le corps du Christ pour la première fois…Et le mot « première » n’est pas synonyme de « dernière ». Recevoir la première communion n’est pas la récompense de quelques rencontres de KT. Ce n’est pas la fin…c’est la deuxième étape du chemin avec Jésus, après le baptême ! Alors, François et Jules-Noé, bonne route avec Jésus avec l’aide de vos parents. Faites-lui confiance ! Il est là à vos côtés, vivant, ressuscité pour que à votre tour vous deveniez de vrais disciples. Et être disciple, c’est aimer comme lui et avec lui.
En cette fête du Corps et du Sang du Christ, ensemble, renouvelons notre action de grâce pour la merveille que nous célébrons. Et nous pouvons faire nôtre cette prière du prêtre avant la communion : “Que ton Corps et ton sang me délivrent de tout mal et que je ne sois jamais séparé de toi”.

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