La fête du saint-Sacrement

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Homélie prononcée le 11 juin 2023

La fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ est une fête qui remonte au XIIIe siècle. Vous savez qu’on l’a appelée La Fête-Dieu. C’est Thomas d’Aquin qui en a composé les prières…Et vous avez peut-être remarqué que la prière qui a rassemblé nos prières après le Gloria et qu’on appelle « la collecte » est exceptionnellement adressé au Christ-Jésus (et non pas au Père comme habituellement). Cette fête s’est développée pour mettre en valeur la dévotion à la Sainte Eucharistie. Elle s’est employée à célébrer la présence toute spéciale de Jésus à travers les signes que sont le pain et le vin qui deviennent à chaque eucharistie le Corps et le Sang du Christ. Présence incroyable, présence mystérieuse, accessible dans la foi…
À partir des textes de l’Écriture qui ont été proclamés, essayons de nous laisser habiter par ce mystère de la présence eucharistique.
Le texte de la première lecture nous donne une clé intéressante pour comprendre ce mystère. Celui-ci est à situer dans le prolongement de l’Alliance de Dieu avec son peuple. Cette Alliance ne se résume pas à des mots. Elle est une façon de vivre, elle est une vie nouvelle. C’est pourquoi, Dieu ne se contente pas d’écouter et de protéger son peuple, il le nourrit. Il lui donne ce qui le fait vivre et cette nourriture est spéciale, elle n’est pas comme les autres nourritures, elle remplit non seulement le corps, mais elle remplit le cœur. Elle n’est semblable à aucune autre. Moïse l’appelle la « manne » « cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connue, pour te faire découvrir que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur. »
Voilà le don de Dieu à son peuple, celui d’une nourriture spirituelle qui vient apaiser les faims de toutes sortes : faim d’amour, faim d’être reconnu et apprécié, faim d’absolu. La nourriture du ciel dont parle Moïse permet au peuple d’aller plus loin, de continuer son chemin vers la terre promise à travers les embûches et les défis du désert. Quand le peuple se nourrit de la manne, il reconnaît que tout vient de Dieu. Nous aussi, reconnaissons, souvenons-nous que nous dépendons de lui. C’est le seul moyen de ne pas devenir esclave d’un autre dieu car le vrai Dieu est libérateur. Réentendons cet appel du Seigneur : « Souviens-toi ! »
Le texte de l’évangile qui a été proclamé nous fait faire un pas de plus. La nourriture spirituelle que Dieu donne et que la « manne » dans le désert annonce, c’est Jésus lui-même, son Corps et son Sang. L’Évangile nous propose un extrait de ce que l’on appelle le discours sur le Pain de vie. C’était après la multiplication des pains près du lac de Tibériade. Jusque-là, Jésus avait demandé à ses auditeurs de croire en sa parole. Aujourd’hui, il franchit un nouveau pas dans la révélation de sa personne en disant en quelque sorte : « Vous avez bien mangé, dit-il, mais attendez un peu avant de partir, je veux vous dire quelque chose d’important. Je suis le Pain de vie. Celui qui me mange vivra éternellement ».
Ce pain dont il parle, il dit que c’est lui-même “pain vivant” ; il dit aussi que c’est “sa chair donnée pour la vie du monde”. C’est « un peu fort » se disent certains de ceux qui entendent ces paroles. Et en vérité, c’est un mystère profond que celui de la nouvelle Alliance inaugurée par Jésus où Dieu se fait tellement proche de nous qu’il prend un corps humain et qu’il verse son sang sur la croix pour le salut de tous. Le Corps crucifié et le Sang versé deviennent la nourriture de nos vies.
« Ce dogme est donné aux chrétiens : le pain se change en chair, et le vin en sang » écrit saint Thomas d’Aquin dans la séquence « Lauda Sion » que nous avons médité avant l’Evangile. Et Thomas d’Aquin explique : « Ce que tu ne comprends, ni ne vois, une foi ferme te l’assure, hors de l’ordre naturel. Sous diverses espèces, signes seulement et non réalités, des réalités sublimes se cachent. La chair est une nourriture, le sang un breuvage, pourtant le Christ total demeure sous l’une et l’autre espèce. »
C’est ce mystère de la nouvelle Alliance qui est célébré dans le Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ. « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel ». Dieu à travers Jésus vient dans nos vies. Il se fait proche de chacun et de chacune comme un Père pour ses enfants. Jésus se fait nourriture spirituelle dans le pain et le vin que nous partageons. « Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui ».
Les mots sont forts « mange ma chair » et « boit mon sang ». Ces mots ne sont pas à prendre au pied de la lettre, mais ils signifient une présence réelle. Ils expriment, en effet, la profondeur et la nouveauté de cette union avec Dieu que Jésus rend possible, une union qui accomplit les promesses de l’Ancienne Alliance.
L’Eucharistie que nous célébrons chaque dimanche, c’est la rencontre de deux présences réelles : la présence réelle du Christ, qui, elle, ne fait aucun doute, et notre présence , qui, elle, n’est pas toujours bien réelle. Et l’enjeu de la messe, c’est que nous y ayons une présence « réelle ». Bien plus, à la messe, nous sommes invités à communier à la présence réelle du Christ pour devenir nous-mêmes une présence réelle du Christ après la messe. Communier, c’est recevoir le Christ pour donner le Christ.
Saint Paul dans la deuxième lecture nous ouvre les yeux sur la dimension communautaire de l’Eucharistie que nous partageons chaque dimanche : « Puisqu’il n’y a qu’un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain ».
Voilà ! À chaque messe, à chaque célébration eucharistique, je me joins à une communauté de croyants et de croyantes qui forment le Corps mystique du Christ. Je ne suis pas isolé dans la vie et dans mon chemin vers Dieu. Je fais partie d’une multitude de gens qui se reconnaissent frères et sœurs, disciples d’un même Maître et serviteurs de leurs frères et sœurs.
La quatrième prière eucharistique que nous prendrons aujourd’hui dit ceci : « Regarde avec amour, Père très bon, ceux qui vont recevoir le corps du Christ, fais qu’ils deviennent ensemble par la force de l’Esprit Saint, le corps de ton Fils ressuscité. »
Ensemble devenons le corps du Christ, le signe visible de sa présence dans le monde. Construisons le corps du christ qui est l’Eglise ! Amen !

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