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Homélie prononcée le 18 août 2024
Le pain, vous l’aimez comment ? Plutôt bien cuit ou pas trop ? Bien frais ou un peu rassis ? Comment le prenez-vous au petit-déjeuner ? Trempé dans du lait ou du café ou encore du thé, en tartines avec beurre ou confiture ou avec beurre et confiture ? Ces questions vous paraissent certainement déplacées, un peu saugrenues …mais il me semble que c’est bien la question de l’Évangile que nous venons d’entendre : Dieu, vous l’aimez comment ?
Jésus est dans la synagogue de Capharnaüm. Il parle, il parle de pain, il parle de lui... « Moi, je suis le pain vivant », et ses propos commencent à échauffer les esprits, probablement que si nous avions été là, nous aussi nous serions excédés : « Comment ce Jésus, dont nous connaissons la famille, peut-il nous donner sa chair à manger ? » Les propos de Jésus pris au pied de la lettre comme on dit nous paraissent bien déconcertants. En fait le vrai scandale interviendra plus tard, au moment de la passion et de la croix : il prendra un peu de pain, un peu de vin ; « c’est mon corps, livré, rompu pour vous ; c’est mon sang, ma vie, donnée pour vous... C’est moi, prenez, mangez, buvez ! »
Ces paroles sont difficiles à comprendre. Peut-être les écoutons-nous distraitement parce que nous les entendons depuis longtemps ? Et pourtant là, nous touchons le cœur de notre foi chrétienne : la foi dans ce pain rompu : Dieu qui se donne pour que nous ayons la vie. Il nous donne sa propre vie par amour. L’amour, c’est cela qui donne la saveur de ce pain brisé, le goût de ce pain partagé par le Christ juste avant d’être arrêté, condamné, mis à mort. Oui, c’est l’amour qui dit le prix du pain rompu, l’amour et non pas la souffrance, ou la douleur, ou la torture ;
Sur la croix, ce n’est pas sa mort que le Christ nous donne. A quoi cela servirait-il ? Mais c’est sa vie qu’il nous donne, symbolisée par l’eau et le sang qui coulent de son côté ouvert, comme un fleuve de vie éternelle qui déborde de son côté ouvert, souffle de foi et d’espérance pour nos propres vies souvent marquées par le découragement, l’incompréhension et la fatigue.
« Je suis le pain vivant », dit Jésus, et il ne se contente pas de grands discours, comme nous les hommes savons en faire pour donner l’impression de faire quelque chose : Jésus donne d’abord de quoi rassasier ceux qui ont faim en multipliant le pain et le poisson. Et le soir du jeudi saint, Jésus prend du pain, du vin, le pain et le vin de sa vie, il prend sa vie et il la donne. À tous, sans exception. Et donc à chacun et chacune d’entre nous…qui que nous soyons… « Qui mange ma chair et boit mon sang, je demeure en lui », dit Jésus.
La question n’est pas de savoir si nous en sommes dignes de ce pain, ou si nous le méritons... La question, c’est de savoir si nous avons faim de ce pain-là. Est-ce que nous mangeons de ce pain-là ? Apprécions-nous son goût ? Est-ce qu’il nous donne le goût de Dieu ? Est-ce qu’il nous fait vivre ?
« Oui vraiment, je vous le dis : celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » Si nous désirons avoir la Vie éternelle, alors nous avons absolument besoin de ce Pain vivifiant, de Jésus lui-même. Ainsi, le christianisme n’annonce pas avant tout une vision du monde ou une théorie sur l’histoire ou une philosophie. Il annonce une présence, la présence de quelqu’un : Jésus-Christ.
Face à une telle affirmation, les juifs se sont mis à récriminer. Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on hausse les épaules et qu’on refuse Jésus et son Pain vivant. Peut-être, pour certains d’entre nous ces paroles de Jésus sont trop liées à notre enfance et nous paraissent comme un beau conte, comme on en raconte aux enfants pour s’endormir. Il se peut aussi que les intérêts de nos vies, notre position dans l’existence ou bien la dureté et les complexités de la vie nous aient fait prendre de la distance par rapport à notre foi. En fait, l’abandon que nous constatons actuellement a commencé dès le premier jour où Jésus faisait sa catéchèse sur le Pain de vie. Ses contemporains ne peuvent accepter les prétentions de cet homme, Jésus de Nazareth que tout le monde connaît bien. Aujourd’hui, combien pensent que venir à la messe est une punition, comme me l’avait dit une maman qui préparait le baptême de son enfant…
Mais Jésus insiste : "Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie." Il ne donne pas d’explication. Il invite à un acte de foi. C’est ce même acte de foi que nous sommes appelés à faire chaque fois qu’ensemble nous célébrons l’eucharistie, la messe.
Nous reconnaissons en Jésus le Pain vivant donné pour la vie du monde. Aujourd’hui comme autrefois, c’est difficile à comprendre. Il nous faut retrouver toute la force et la nouveauté du message qu’il nous adresse : Jésus nous donne les paroles et la nourriture de la Vie éternelle.
Bien sûr, à chaque messe, nous n’avons pas toujours conscience de la grandeur de ce mystère de la foi. Mais nous ne devons pas oublier que la messe dominicale, c’est le moment le plus important de la semaine. Si nous ne participons pas, est-ce que nous avons l’impression qu’il manque quelque chose à notre dimanche, à notre semaine ? C’est Jésus qui est là ; il rejoint les communautés rassemblées en son nom. Il veut se donner « pour que les hommes aient la vie ». Le Christ veut se donner à tous. Il est le Pain vivant offert pour la vie du monde.
Vous l’aimez comment Dieu ? Telle était la question initiale . Avons-nous faim et soif de devenir enfants de Dieu, fils et filles de Dieu ? A chacun, chacune d’entre nous le Christ nous dit : Toi qui reçois le corps du Christ, le Pain de l’éternelle joie, rends grâce à Dieu pour ce que tu reçois, deviens ce que tu reçois et, avec ce que tu es et tes limites, fais comme ton Seigneur : donne-toi pour la vie du monde. Amen !
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